projets | expositions





Salle Blanche / Clean Room

Installation, Audiovisuel
Lieu de diffusion : Galerie ELEKTRA,
pôle de Gaspé, Montréal (2023)






Texte : Florentine Wüest
Crédits photo : Alejandro Escamilla





Les salles blanches, terme utilisé dans le milieu industriel ou la recherche scientifique, sont des espaces de production aseptisés et contrôlés dans le but de minimiser l'introduction, la génération, la rétention de particules, afin d’accroître la rentabilité et de garantir la quantité et la qualité des productions. 

L’artiste pose un regard sensible sur l'esthétisme minimaliste de ces matériaux industriels et réutilise les codes utilitaires des machineries des chaînes de production, qu’il sublime. Ainsi, l'imposante et délicate armature composée d’aluminium extrudé et d’acrylique apparaît comme un écrin dans lequel l’outil de modélisation 3D opère son protocole pour générer un corpus installatif et artistique en temps réel. 

Cette composition met l’emphase sur l’action en cours et questionne les processus de création artistique à l’aune des nouvelles technologies et de la production de masse.


–  Florentine Wüest



















Extraction

Installation
Lieu de diffusion : l’Œil de Poisson
(grande galerie), Méduse, Québec (2022)






Commissaire : Jean Michel Quirion
Crédits photo : Charles Fréderick Ouellet





À travers ses plus récents travaux, Morgan Legaré s’intéresse aux mécanismes bilatéraux entre l’automatisation et le contrôle. Véritable spécialisation en contrôle industriel, l’automatisation est un procédé visant à accroître la rentabilité, ainsi qu’à garantir la quantité — et la qualité — de production au moyen de technologies avancées. Selon les rouages de ces systèmes techniques, l’artiste crée de façon contre-productive avec un logiciel d’exploration 3D afin de contester des pratiques déshumanisées par l’automation.


Les expérimentations bi-tridimensionnelles du corpus Extraction, s’intègrent avec précision aux composantes architecturales du white cube de L’Œil de Poisson. Commissariée par Jean-Michel Quirion, cette première exposition en centre d’artistes pour Morgan Legaré s’appréhende telle une série de micro-chantiers. Par des interventions d’une imposante fragilité, bâties en profils d’aluminium extrudés, l’artiste édifie autrement l’espace. Une structure élevée au centre de la galerie agit comme un portail vers des interstices interreliés : de l’intérieur à l’extérieur, de l’instable au solide, de l’imperceptible au visible. Par le biais d’images aux effets illusionnistes, de stimuli matériels en textiles et de dispositifs-structures hors-normes, sortes de leurres protéiformes, Legaré détourne en des tours de passe-passe la perception de ce lieu vernaculaire de Méduse. Formes et fonctions entrent en tension.


Des assemblages et des moulages de fibres, réalisés de façon in situ durant la période de montage à L’Œil, se déclinent çà et là sur les supports d’aluminium et le sol bétonné. Les reliefs de textiles aux textures polymorphes sont figés en des négatifs. Les envers sont exposés. Les empreintes subtiles des profils métallurgiques se décèlent en un composite perméable. La matière, d’une stabilité précaire, s’élève et s’effondre.


Qui plus est, parallèlement à ces propositions, Legaré montre les images d’Extraction. Façonnées numériquement à partir de moulages réalisés directement sur les supports et de modélisations 3D préparatoires, celles-ci génèrent leurs propres variations de spatialisation et révèlent des interstices liminaux. Elles sont comparables à des (re)mises en abyme. Les extractions visuelles sont disposées dans la galerie comme des fenêtres donnant sur un Œil de Poisson reproduit virtuellement. L’œuvre Consonances intemporelles (2022), positionnée sur une cloison inclinée dans un recoin, est particulièrement attractive. Les reflets pixélisés, genre de perturbations causées lors du rendu de l’image, portent à croire qu’il s’agit d’un écran dysfonctionnel.


Cette installation rejoue habilement de la circulation et notamment de la contemplation. Les visiteur.euse.s sont captivé.e.s par les détournements matériels incarnés. Les œuvres relèvent de processus lents et de techniques obstinément ambitieuses, laborieuses et, de surcroît, parcimonieuses. Les procédés de réalisation, résultant de savoir-faire et de gestes appliqués, non automatisés, mais contrôlés par Morgan Legaré lui-même, sont saillants. Les pièces sont ainsi extraites de la logique productiviste devenue le précepte de l’industrialisation. Le présent corpus dé-reconstruit le conditionnement et l’optimisation. Celui-ci est immanent à ce qui se fabrique tant par les mains de l’artiste dans son atelier qu’à son écran.


–  Jean-Michel Quirion, commissaire










Automatisation & contrôle

Installation
Lieu de diffusion : Galerie Laroche/Joncas
le Belgo, Montréal (2020)






Texte : Émilie Granjon
Crédit photo : Mike Patten





Invité à présenter ses recherches alliant art numérique et sculpture, Morgan Legaré présentera le fruit d’une résidence de plusieurs semaines à la galerie Laroche/Joncas dans le cadre d’une exposition solo du 1er au 15 septembre 2020. L’artiste présentera des œuvres réalisées par le biais de rendus 3D et d’impressions digitales, ayant comme point de départ le maillage entre objet virtuel et matérialité physique. Images imprimées, architectures et arrangements spatiaux entrent en dialogue dans le lieu d’exposition pour générer de nouvelles expériences cognitivo-perceptives. En créant ses installations, Morgan Legaré propose au spectateur une expérience sensorielle inusitée. Il utilise la sculpture sous une forme aliénante, invitant ainsi le regardeur à interagir avec cette nouvelle spatialité.

Tiré d'une spécialité faisant partie du spectre en contrôle industriel, l'Automatisation est un procédé visant à croitre le rendement et la qualité de production d'un.e opérateur.ice en lui donnant accès à une technologie avancée.


Faisant écho à cette spécialité, tout en explorant la souche de sa définition, l'artiste travaille d'une façon contre-productive avec un logiciel d'exploration 3D de manière à déjouer le calcul des images et créant ainsi des œuvres inachevées. C'est alors qu'en capturant l'image en pleine modélisation que carrés oranges et marques de rendus numériques apparaissent, reprenant depuis, le contrôle sur une méthode dite automatique, il questionne la réalité d'un travail accompli et/ou partagé avec cette technologie.


–  Émilie Granjon